Prendre
l’avion soulève toujours un sentiment d’excitation en nous. Vous savez, ces
petits chatouillements dans notre ventre, et bien ils apparaissent bien avant
le moment du décollage.
Déjà,
lorsqu’on achète un billet d’avion, on commence à faire des plans, à se
préparer tranquillement pour le moment où l’on partira vers une terre
différente de la nôtre. Cet achat deviendra une raison de regarder vers l’avenir
et de nous aider à passer à travers les semaines qui nous séparent de notre
départ.
On
prend l’avion pour partir en vacances. On souhaite tout abandonner, tout
oublier le temps d’une semaine ou deux. On se sentira alors plus d’attaque au
retour. Enfin, c’est ce qu’on croit toujours jusqu’à ce qu’on revienne chez soi.
D’autres
prennent l’avion dans le but de vivre une expérience beaucoup plus grande,
beaucoup plus forte.
Comme
pour vivre un nouveau départ.
Voilà
pourquoi je prenais l’avion le 26 septembre 2011. Montréal était devenue trop
petite pour moi et elle n’avait plus rien à m’offrir. Cette ville d’adoption
que j’avais tant aimée ne cessait de me décevoir. Je ne pouvais plus m’y
retrouver. Tout bougeait autour de moi, mais j’avais l’ennuyante impression
d’être toujours à la même page.
Il
me fallait partir.
J’ai
donc entrepris les démarches pour obtenir un poste d’assistante de langue
française dans une école au Royaume-Uni. J’avais besoin de me confirmer que
j’étais vraiment faite pour l’enseignement du français (je venais de terminer
ma deuxième année en enseignement du français langue seconde) et j’avais aussi
grandement besoin de partir loin. Après tout, mon rêve avait toujours été
d’enseigner le français à Londres et j’allais le réaliser à vingt et un ans.
Je
me souviens parfaitement de mon départ. Ce dont je ne me souviens absolument
pas, c’est d’avoir vu le temps passer pendant le neuf derniers mois. Jamais je
n’aurais cru pouvoir courir contre la montre.
C’est
pourtant ce que j’ai fait.
J’ai
vécu en accéléré cette année. Entre les voyages, le travail, la vie sociale et
la planification de leçons, je n’ai pas vu le temps filer.
Oh, ne vous
inquiétez pas, j’ai amplement profité de chaque moment.
Cette
année, j’ai eu froid à Prague, lu un livre dans un café Barcelonais, passé un
weekend à Amsterdam, mangé en Italie et compté les moutons en Irlande. Mais vous savez quel
endroit j’ai préféré et lequel j’avais hâte de retrouver à chaque voyage? C’était
mon chez moi. Mon petit appartement au-dessus du département des langues de
Cheam High School.
Peut-être
était-ce grâce aux gens que j’ai rencontrés, peut-être était-ce grâce au milieu
dans lequel j’évoluais ou peut-être était-ce grâce à mes élèves adorés ou mes
collègues, mais dès ma première semaine en Angleterre, je me suis sentie chez
moi. Oui, la langue était différente, la culture n’était pas la mienne et la
ville ne bougeait pas comme les villes québécoises. Oui, tout m’était différent
et étranger, mais tout m’était si proche en même temps. Je ne saurai jamais
expliquer le fait que j’aie pu bouger dans Londres comme si j’étais au milieu
de Montréal ou même que je m’y sois sentie beaucoup plus à l’aise, mais une
chose est sûre, Londres était ma ville et elle le saura toujours.
En
fait, je crois que j’y ai joué un grand rôle dans cette adaptation. Cette
année, j’ai découvert que j’avais l’habileté de me créer de nouveaux repères
dans un milieu inconnu. J’ai pu me faire de nouveaux amis rapidement et j’ai su
faire d’une ville étrangère la mienne.
Aujourd’hui,
de retour au Québec, je dois réapprivoiser mes anciens repères.
Redécouvrir une
ville qui fut mienne.
La
regarder avec de nouveaux yeux.
Ceux d’une jeune adulte qui est partie loin,
qui a vécu pleinement et qui est revenue.
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