On
sait tous que le Royaume-Uni et l’alcool vont souvent l’un avec l’autre. Ce
dont on ne se doute pas, par contre, lorsqu’on habite sur le continent
nord-américain, c’est que l’Angleterre a en fait un problème d’alcool. Elle ne
boit pas avec modération et surtout pas sa jeune population. Bien sûr, ne
généralisons pas…mais faisons-le un peu.
Lorsque
j’ai abordé le sujet de la consommation d’alcool avec mes élèves, j’étais loin
de me douter que je ne les regarderais plus jamais de la même manière. Je crois
qu’il m’est soudainement approprié de dire : «Dans mon temps, on ne buvait
pas autant.»
Oui,
du haut de mes vingt-deux ans tout neufs, je me suis sentie vieille. Pire
encore, je me suis sentie d’une toute autre époque où l’on consommait de
l’alcool pour tout simplement en apprécier le geste et l’expérience de boire un
verre entre copains.
Aujourd’hui,
en sol anglais, les jeunes consomment de l’alcool pour être saouls et pour
volontairement se mettre dans un état des plus vulnérables possibles. Ils sont inconscients
des dangers qu’une trop grande consommation d’alcool pourrait leur apporter. Il
y a même un nom pour ce nouveau phénomène : le Binge Drinking. Cela
consiste à boire le plus d’alcool possible, le plus vite possible. On veut être
saoul, à tout prix!
Lorsque
j’ai demandé à mes élèves pourquoi les jeunes anglais buvaient autant, ils
m’ont répondu que c’était pour oublier le stress de l’école et des demandes d'admission aux universités. Je ne sais pas jusqu’à quel point cette raison
est vraie et valable, mais je la trouve triste. Se servir de l’alcool comme
échappatoire quand on a seize ans se rapproche beaucoup de l’alcoolisme. C’est
alarmant.
Maintenant
très touchée par le sujet, je m’intéresse à tout ce qu’on dit à propos du Binge
Drinking en Angleterre. Je me suis même mise à suivre une série documentaire
sur le sujet : Party Paramedics (Channel4).
On y voit de jeunes anglais dans des moments glorieux de leur vie – au cas où vous ne vous en doutiez pas,
cette phrase est sarcastique – apprendre à la dure les effets d’une
consommation excessive d’alcool. Lorsque l’équipe de production leur demande
pourquoi ils boivent autant, les jeunes fêtards expliquent qu’ils travaillent
du lundi au vendredi, sont stressés ou ennuyés par leur emploi et quand
vendredi arrive, ils veulent tout simplement passer du bon temps et oublier la
semaine qui vient de s’achever. Ils travaillent alors pour les weekends et ils
boivent pour oublier qu’ils travaillent.
Je
ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour mes élèves qui boivent déjà pour oublier
l’école. Que se passera-t-il lorsqu’ils seront sur le marché du travail et que
la présente récession les obligera à trouver un emploi ennuyant ou à vivre sur
l’assurance sociale? J’imagine qu’en tant que leur assistante de FLA, je n’y
peux absolument rien. Je peux seulement les écouter me raconter leurs weekends
et tenter de leur donner des conseils sensés. Oui, à vingt-deux ans, on peut
maintenant parler d’expérience et veiller à ce que nos élèves prennent la bonne
direction.
Mais
les ados, resteront toujours des ados. Ils faut donc les laisser aller et s’en
détacher tout en leur faisant confiance.