samedi 21 avril 2012

L'adulte

À dix-sept ans, on n’a pas encore tout à fait conscience du brillant avenir qu’on a devant nous. Combien de fois les adultes nous l'ont répété tout au long de nos merveilleuses années d’adolescence? Au moins mille fois, sinon plus. Et combien de fois haussions-nous les épaules en indifférence? Mille fois, oui.

Comment étais-je à dix-sept ans? Physiquement, ce n’est pas trop difficile de m’en rappeler, j’étais exactement comme aujourd’hui.  Que voulez-vous, la nature a décidé de me donner une apparence d’adolescente éternelle. Non, là où les transformations ont eu lieu, c’est au niveau de mes rêves, de ma personnalité et de mes ambitions.

À dix-sept ans, j’étais plongée dans mes romans et dans mes textes dramatiques. Je faisais du théâtre en permanence. Je dis permanence, parce qu’en dehors des cours de théâtre que je suivais à l’école, je vivais ma vie au même niveau dramatique que les pièces que j’étudiais. Ah, tiens, une autre chose qui n’a pas changée.

J’écrivais aussi. J’écrivais beaucoup. Je rêvais de travailler dans le monde du théâtre. Je voulais être une artiste. Vous savez, le genre qui vie de pain, d’eau et d’art. Ouais, on ne voit pas plus loin que la semaine qu’on a devant soi quand on a dix-sept ans.

Je voulais  aussi voir le monde. Travailler en Angleterre, surtout. Je ne savais pas encore comment je pourrais réaliser ce rêve, mais il me trottait dans la tête. Voilà, à dix-sept ans, je ne croyais pas que les rêves étaient en fait réalisables. 

Paradoxalement, j’étais une adolescente timide. Je regardais le monde bouger autour de moi et j’avais peur de me jeter dans le courant. J’avais peur d’être remarquée. Voilà pourquoi je jouais un rôle. Je ne voulais pas qu’on voit qui était la vraie Alexe. J'avais peur de décevoir. Je me souviens que je voulais paraître indépendante, forte et différente. J’étais celle sur qui on pouvait toujours compter, mais qui demandait peu en retour. J’aimais passer beaucoup de temps seule avec mes idées. Je ne croyais pas que les autres pouvaient m’aider à traverser mes petits moments difficiles, parce que voyons, qui peut comprendre une adolescente de dix-sept ans?

Maintenant, je la regarde cette autre Alexe et je vois qu’elle a fait son petit bout de chemin dans la vie. Elle n’étudie pas pour devenir actrice, mais plutôt pour être enseignante de français. Ce qui revient un peu au même, si on veut. Oui, elle travaille en Angleterre. Elle a travaillé pour réaliser son rêve. Je peux donc dire qu’elle est devenue ambitieuse. Elle l'était peut-être déjà à dix-sept ans, mais avait peur de ses ambitions.

Aussi, j’ai compris, avec le temps et les différentes expériences, que c’est OK de compter sur les autres. Il n’y a rien de mal à passer un coup de fil à ses amis pour se faire remonter le moral un peu.

J’ai surtout pris conscience du fait que des personnes peuvent jouer un rôle influent sur le cours de notre vie. Ça, je l’ai compris cette année grâce à des jeunes de dix-sept ans qui sans le savoir, ont su rallumer mes ambitions, en créer de nouvelles et le plus important m’ont aidé à vivre sans trop m’inquiéter de l’avenir.  

J'ai trouvé de nouvelles muses qui m'inspirent à regarder devant moi et non à revivre le passé. 

Peut-être que l'adulte que je suis réussira-t-elle à leur faire prendre conscience du brillant avenir qu'ils ont devant eux. Mais je crains malheureusement qu'ils ne me répondront qu'avec un haussement d'épaules, parce qu'à dix-sept ans, on ne voit pas vraiment plus loin que la semaine qu'on a devant nous.